L’ antonomase nous guette ! (Dominique Maillard)

Avant de vous précipiter sur Wikipédia, rassurez-vous l’antonomase n’est ni une maladie honteuse ni un parasite dangereux pour l’homme. Il s’agit simplement d’une figure de style dont, nous Français, faisons un usage abusif et quasi addictif. C’est la pratique consistant à à dénommer d’un nom propre une action ou un projet. Ainsi que n’a-t-on dénommé « Grenelle de ceci ou de cela » pour simplement décrire une conférence des parties prenantes destinée à faire le point d’un sujet. Même abus, ces temps-ci sur les « Airbus du ferroviaire ou de l’énergie » ! On a eu les « Etats-Généraux » de tout et le reste et les « Plans Marshall » du sauvetage de tous les pays en déshérence économique. Les « chevaliers blancs », les « cygnes noirs » et les « éléphants roses » ne valent guère mieux que l’usage qui en est fait : prêter à une image une vertu salvatrice ou explicative, quasi magique.

Devons-nous y renoncer ? Non, bien sûr, cela fait tellement partie de nos tics de langage et, personnellement, je ne suis pas gêné de parler de « Bercy »,  » Matignon », « Wagram » pour désigner autre chose que la rue du même nom. Nous devons néanmoins prêter attention à ce que cette tournure très française est difficile à comprendre par un étranger même s’il pratique notre langue. Pour ma part, j’y verrai l’une des causes de l’incompréhension franco-allemande quand nous parlons d' »Airbus de l’énergie », en fait ça ne vole par pour les allemands… ou plutôt si, ça vole, mais ils ne comprennent pas pourquoi !

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